Interview Damien Rodière Directeur Général de TheFork Europe de l’Ouest
A l’occasion des 15 ans de TheFork (et oui, déjà!), on a voulu en savoir plus sur notre Directeur Général.
Arrivé en septembre 2013, il accompagne d’abord TheFork dans son développement à l’international. L’objectif ? Conquérir le monde pour accompagner le développement des restaurateurs et les foodies en quête d’expériences. 5 ans plus tard, le dacquois prend la direction des marchés français, belge et suisse. Aujourd'hui, il gère tous les pays d’Europe du Sud et de l’Ouest.
Rencontre avec Damien Rodière, Directeur Général de TheFork Europe de l’Ouest.
Si tu devais définir TheFork en une phrase…
Pour moi, c’est le meilleur moyen de passer le plus beau moment de sa journée."On se fait un resto ?"😉
Et en 3 adjectifs ?
Foodie, yummy, funny !
Pourquoi avoir troqué LaFourchette pour “TheFork” ?
Notre changement de nom n’a aucun rapport avec le fait que notre maison mère soit Tripadvisor, on est complètement autonomes dans les décisions qu’on prend.
Ce rachat a surtout permis un échange de visibilité puisque tous les restaurants partenaires de TheFork sont réservables sur Tripadvisor.
En réalité, la question du changement de nom s’est posée au moment où on a accéléré notre développement à l’international. Historiquement, on avait localisé nos noms : LaFourchette en France et El Tenedor en Espagne.
On a remarqué que lorsqu’ils voyageaient, les gens ne faisaient pas forcément le lien entre LaFourchette et El Tenedor.
Avoir une marque unique était donc un facteur clé de notre développement. Alors oui, quand on a passé le cap, il a fallu un temps d’adaptation, mais je crois qu’on a pris la bonne décision. Après deux ans de pandémie, les touristes sont de retour et on voit qu’ils ont le réflexe d’ouvrir leur application quand ils voyagent. Et puis le changement de nom nous permet de nous consacrer à notre cœur de métier en apportant de nouveaux clients aux restaurateurs et en les aidant ainsi à développer leur activité. Par ailleurs, on aide aussi les touristes à trouver des restaurants plus facilement dans les villes dans lesquelles ils voyagent. L’attachement sentimental à la marque LaFourchette est là, mais on est pragmatique : « Qu'est-ce qui est plus susceptible d’aider les restaurateurs ? ». C’est d’avoir une marque unique et facile à retenir.
🔢 Un chiffre pour définir TheFork ?
60 000 ! On a 60 000 restaurants partenaires dans le monde et c’est donc 60 000 possibilités de vivre un moment exceptionnel au restaurant dans sa journée !
👶 Rappelle-nous comment s’est passée la genèse de TheFork ?
TheFork fête ses 15 ans !
Pour aller au restaurant en 2007, dans 90% des cas on se référait à des proches, via le bouche à oreille, ou alors aux guides gastronomiques, mais c’était des offres plutôt haut de gamme. Une liste exhaustive, un guide complet, ça n’existait pas. Or, l’émergence d’internet a apporté de nouvelles opportunités et notamment, celle de pouvoir partager l’information à grande échelle avec des contenus plus riches et dynamiques. C’est là qu’est née la première version digitale de TheFork.
Par ailleurs, du côté des restaurateurs, les fondateurs de TheFork travaillaient dans le secteur de la restauration et se sont rapidement rendus compte que le fameux « cahier de réservation papier » des restaurateurs n’était vraiment pas pratique. Et puis 2007 c’est aussi la sortie du premier IPhone qui a permis de généraliser l’usage d’internet. À cette époque, seulement 15% des restaurateurs avaient une adresse mail. Les fondateurs de TheFork ont donc eu l’idée d’appliquer les outils digitaux au secteur de la restauration. L’objectif était de comprendre les besoins des restaurateurs, de leur permettre d’être réservables en ligne et donc, de capter une nouvelle clientèle. On s’est associés au groupe Alain Ducasse qui a tout de suite vu que cet accompagnement digital était une véritable opportunité. Ils ont développé une première version de l’outil de réservation puis toute la partie guide destinée aux utilisateurs.
💚Ton meilleur souvenir chez TheFork ?
C’est dur comme question, il y en a tellement (rires) !
TheFork est avant tout une aventure humaine, on a une culture très forte du vivre et du célébrer ensemble. Le meilleur souvenir auquel je pense c’est la soirée de Noël qu’on a organisée en décembre 2021, juste avant Omicron. On s’est tous retrouvés pour la première fois après deux ans de Covid-19, c’était un moment hors du temps. On était déguisés et tout le monde a joué le jeu ! On avait besoin d’être ensemble, de lâcher prise et de célébrer ce retour à la vie normale.
Et puis j’ai aussi des souvenirs merveilleux avec les restaurateurs. Récemment, on a rencontré le chef Christophe Margin pendant le SIRHA à Lyon. C’est un chef qui collectionne les vestes des plus grands chefs de l’histoire de la gastronomie française. Il nous a raconté pleins d’anecdotes, on en avait des frissons...
🤔Ton pire souvenir ?
Le lundi 9 mars 2020, quand je prends conscience qu’il se passe quelque chose de très grave. Je rentrais d’un déplacement en Italie la semaine précédente où j’avais été sous le choc : à la sortie de l’avion, des gens en blouse prenaient ma température avec un pistolet. Ça a été la douche froide.
Ce lundi 9 mars, je réunis mes équipes le matin en arrivant et je leur raconte ce que j’ai vu en Italie. Je suis quelqu’un de très optimiste, et, pour la première fois, je menais une réunion où je ne me retrouvais pas. Le samedi suivant, notre Premier Ministre nous annonce la fermeture des restaurants et le mardi on était confinés. Ça a été un moment très dur.
🍴 Si tu devais choisir un type de cuisine que tu mangerais tous les jours ?
La cuisine du Sud-Ouest, sans aucun doute. Je pourrais en manger tous les jours ! C’est la cuisine de mon enfance, celle qui me rapproche de mes origines.
🍽 Si tu étais un plat ?
Un magret de canard (avec les coeurs !) accompagné de frites cuisinées dans la graisse de canard.
👦Tu mangeais quoi quand tu avais 15 ans ?
Je mangeais une cuisine traditionnelle du Sud-Ouest, classique et goûteuse.
😍Ta madeleine de Proust ?
Ma madeleine de Proust à moi, c’est la madeleine de Dax, de la Maison Cazelle.
🤢Le truc que tu ne peux vraiment pas avaler ?
J’ai un souvenir d’une expérience culinaire en Chine où j’avais mangé avec difficulté des petits pieds de porcs.
🍽🍃 Comment t’imagines le resto du futur ?
Je pense qu’aujourd’hui, on va au restaurant pour vivre une expérience singulière, comme quand on va au théâtre ou voir un spectacle. On cherche à vivre quelque chose d’exceptionnel, qui aille au-delà de l’assiette. Je crois que le resto du futur racontera cette histoire qui sort de l’assiette.
Il faut aussi prendre conscience des enjeux liés aux questions de durabilité et d'éco-responsabilité. L’un des défis de notre siècle est d’avoir une consommation plus durable et le restaurateur a un rôle essentiel à jouer à ce sujet.
👨🍳👩🍳Et le restaurateur de demain ?
Le restaurateur de demain est conscient de ces enjeux d’éco-responsabilité. C’est un artisan et aussi un chef d’entreprise. Il doit jongler avec plein de tâches différentes : donner du sens à ses équipes, valoriser les fournisseurs avec lesquels il travaille, trouver un équilibre général où chacun a la place d’évoluer et de grandir. Le restaurateur de demain n’est pas uniquement là pour nourrir les gens, il doit donner du sens à sa mission en ayant une vision et une histoire à raconter à ses clients.
🔮 On mangera quoi en l’an 3000 ?
On mangera de façon plus responsable en accordant plus de place au végétal.
💪C’est quoi LE grand défi de la restauration ?
Attirer les talents est un des grands défis de la restauration. Je pense que l’attractivité d’un établissement dépend de l’histoire qu’il veut raconter. Si le restaurateur arrive à donner du sens à ce qu’il fait, il réussira à attirer des talents qui l’aideront dans le bon accomplissement de sa mission.
💚 Et celui de TheFork ?
Il est le même que celui des restaurateurs. Nous, on veut permettre aux gens de vivre le meilleur moment de leur journée au restaurant. Pour parvenir à cet objectif, on doit continuer à rester proches des restaurateurs et à comprendre leurs besoins pour permettre aux clients de sortir du restaurant avec le sourire. Notre défi chez TheFork, c’est de comprendre et de suivre les évolutions de ce secteur.
🥳 Comment t’imagines TheFork dans 15 ans ?
Ce sera une meilleure version de nous-même. Chez TheFork, notre culture pourrait se résumer à la phrase anglaise “never stop learning”. On essaye d’inculquer à nos équipes cette culture de l’excellence qui consiste à apprendre de nos erreurs et sur la base de ces apprentissages, d’améliorer la façon dont on travaille et ce qu’on apporte aux restaurateurs.
ET SI TU DEVAIS CHOISIR ENTRE…
Malgré ce qu’on pourrait penser, je suis plus du genre la tête dans les étoiles. Ça me permet de prendre de la hauteur et c’est important de lâcher prise parfois…
“Pain au chocolat” n’a aucun sens ! C’est une baguette dans laquelle on met du chocolat (rires). Une "chocolatine" c’est un produit à part entière.
On a besoin des deux pour avancer. La mission c’est l’objectif final et la vision c’est les moyens qu’on va mettre en place pour parvenir à atteindre cet objectif. Les deux sont complémentaires.
Dax ! Je suis très attaché à mes racines et j’aime le revendiquer. Mais je dois avouer que Paris m’a beaucoup séduit, l’offre de restauration est incroyable ! De nouveaux restaurants ouvrent chaque jour et ce sont à chaque fois de nouvelles adresses à découvrir.
Je suis plus smartphone/ordi même si j’aime bien écrire parfois !
Futur ! Je suis plus du genre à aller de l’avant.
Le leader montre la voie, va de l’avant, encourage ses équipes. Le manager, je le vois plus comme quelqu’un qui donne des ordres. Je préfère encourager, je pense que le leader encourage plus que le manager…